Raconte-moi une œuvre

Si je disparais

Je tremblais, perdais ma balance.
Munie de ma valise vidée ;
Je la remplis de mes aimés,
Mon église, mes songes, mon enfance.
J’emporte avec moi ce qui est bon,
Tous tes mets et toutes tes maisons.
J’emporte même les crasses sur tes murs.
J’emmène même tes fruits les moins mûrs.
Je laisse certains souvenirs car
Si un jour, je reviens ici,
Ils seront là pour m’accueillir.
Si je ne reviens pas, alors
Qu’une personne vienne les animer.
Par pitié, venez leur parler
Pour qu’ils soient sauvés de la mort.
A travers eux, je survivrais.
Je les entends s’entrechoquer.
Et pareil au Petit Poucet,
Je laisse une trace là où je vais.
Si vous les suivez et trouvez une bien triste femme,
Allongée, contre un mur de ses habits salis.
Si se trouve dans ses bras, un enfant affaibli,
Bercé par mon chant lassé qui apaise les âmes
Veuillez m’écouter, veuillez porter le fardeau :
Savoir comment j’ai échappé aux bourreaux.
Et si jamais je disparais,
Prenez la valise et courez.

— M. Fort
Élève de seconde au lycée Jules-Guesde à Montpellier