Saint-Nazaire-d’Aude
Office de tourisme du Somail

Yohann Gozard

Du  2 juillet au 16 septembre 2018
— Vernissage mardi 17 juillet 2018 à 18h00

Cette exposition est une étape d’Horizons d’eaux 2, parcours d’art contemporain sur le Canal du Midi, réalisé en partenariat avec les Abattoirs – Frac Occitanie Toulouse. Les deux Frac d’Occitanie proposent pour la deuxième année des expositions de leurs collections et des productions d’artistes dans dix villes ou sites aux abords du Canal du Midi.

Dessinateur et sculpteur de formation, c’est finalement vers la photographie que se penche Yohann Gozard (1977, vit et travaille à Toulouse). De cet apprentissage, Gozard a gardé un sens aigu de la composition et de la couleur qui confère à ses images une picturalité saisissante. Les espaces urbains délaissés, invariablement saisis de nuit, sont ses terrains privilégiés.

Il présente en 2006 sa série Pauses à la Galerie du Château d’Eau et au CIAM, à Toulouse et participe depuis régulièrement à des expositions et résidences d’artistes en France et à l’étranger. Son travail fait dorénavant l’objet de commandes régulières, notamment autour de l’aménagement du territoire, et d’acquisitions de la part d’institutions publiques et de collections privées. Fin 2015 s’est tenue une exposition monographique de son travail à la galerie du Château d’Eau tandis que les années précédentes ont été ponctuées notamment par une résidence de création à Düsseldorf, une participation à la Biennale Photographique de Moscou, puis la résidence d’automne 2010 aux Maisons Daura, suivi d’une restitution en 2015 et de nombreuses expériences pédagogiques telles que le projet “là-bas si j’y suis” piloté par La cuisine, centre d’art et de design à la Maison d’arrêt de Montauban et mené de 2013 à 2015. Les années 2014 à 2018 furent l’occasion d’une résidence d’expérimentation et d’une exposition personnelle à la Maison Salvan, de nombreuses résidences en milieu scolaires et d’expositions à Marseille, Bordeaux, Cuenca, Bruxelles, Toulouse, Montpellier, Orléans, Tarbes, etc.

A Flatter Splash

« Quelques années après l’invention de la photographie, le monde est enfin devenu plat comme une carte. En 1858, Nadar conjugue ses deux passions. Il s’envole en ballon avec un appareil photographique. « Et quelle simplicité de moyens ! Mon ballon maintenu captif à une hauteur toujours égale de mille mètres, je suppose, sur les points strictement déterminés à l’avance, relève, d’un coup, une surface d’un million de mètres carrés, c’est-à-dire de cent hectares, et, comme dans une journée on peut en moyenne parcourir dix stations, je lève le cadastre de mille hectares en un jour, à peu près la surface d’une commune », s’exclame le pionnier dans ses « Mémoires du géant ». La photographie aérienne, triomphe de la bi-dimensionnalité, deviendra au début du siècle suivant une des passions des avant-gardes. Elle doit son succès à son étrangeté, ses échelles démesurées et sa capacité à externaliser l’œil de l’homme, mais également à son analogie avec un monde moderne pensé en géométries, plans, et rationalités. Un monde, qui, en s’étendant au-delà des centres villes, va devenir de moins en moins moderne, mais encore plus plat, avec des pavillons, des pelouses et des piscines, ces tâches bleus que tout voyageur en phase d’atterrissage voit pulluler à proximité des aéroports. On n’accorde de la valeur à une piscine en forme de guitare qu’une fois qu’on a pu l’admirer d’au-dessus.

À la toute fin des années 1940, Jackson Pollock commence à peindre à l’horizontale. Il se promène dans la peinture, avant, une fois le travail effectué, de tendre sa toile et de la dresser à la verticale. Une quinzaine d’années plus tard Andy Warhol reproduit dans ses Dance diagram des schémas d’apprentissage de pas de danse. Des un/deux/trois techniques destinés à être pensés au sol, mais qu’il dresse grâce à un report sérigraphique sur des toiles. À la fin des années 1970, la maitrise du polyester permet d’imaginer des piscines « coques », des bassins qu’on ne creuse plus mais que l’on enterre. Une piscine coque cela ne s’essaye pas, mais cela se voit, même sans avion, dressée comme dans une vitrine en plein air. C’est à partir de 2006 que Yohann Gozard commence sa série des Wonderpool. Néologisme, le titre contracte la merveille et la piscine. Il prolonge dans son glissement les cabinets de merveille de la période maniériste – wunderkammer dans leur appellation allemande et Wonder-rooms pour leur traduction anglaise. Ces merveilles, Gozard les photographie dans leur non-lieu, un contexte de passage, dont les réelles qualités sont souvent celles du hasard : zone industrielle conservant un charme pastoral, proximité avec un parking, guirlande promotionnelle ou ciel étoilé. Certaines – très rares– sont dans le sol, d’autre sont au repos – coque en l’air – la plus part sont levées vers le ciel. Yohann Gozard travaille la nuit. Il absorbe les lumières artificielles dans la composition de son éclairage naturel. Les aspérités sont dissoutes dans des temps de pause longs. La perfection étrange de ces clichés n’a d’égale que l’ambivalence des objets qui y figurent. Les piscines y deviennent des moules de sculptures brutalistes ou des empreintes d’ersatz minimaux dont la qualité sculpturale est toute théâtre. Pourtant aussi droite et volumineuse puissent être les Wonderpool, elles ne semblent pas vouloir oublier leur planéité promise. Dans une de ses images, trois palmiers plaquent leur ombre dans des bassins en forme de haricots. Dans une autre, des voitures stationnent à proximité et donnent au terrain du pisciniste des airs de drive-in. Bleu azur oblige, Hollywood est le studium, ce gout pour l’ailleurs de la série des Wonderpool. L’écran de cinéma, la projection plane et fantasmée de chaque piscine dressée.  »

Olivier Michelon. Publié initialement dans la revue Semaine #360, rédigé à l’occasion de l’exposition Chronotope, présentée en 2014 à la Maison Salvan, Labège (31)

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Le Grand Narbonne
168 allée de la glacière
Le Somail, Saint-Nazaire-d’Aude (11)
Ouvert du lundi au sam. 9h-13h et de 14h à 18h et le dim. de 14h à 18h

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