Ventenac-en-Minervois
« La Marie-Thérèse », Halte sur le Canal du Midi

Hétérotopie

Rébecca Konforti et Romain Ruiz-Pacouret

Jusqu’au 15 septembre 2019

Cette exposition est une étape d’Horizons d’eaux #3, parcours d’art contemporain et d’art vivant sur le Canal du Midi.
Réalisée avec la participation active de l’association Nouvelles Racines et de la Mairie de Ventenac.

Construite en 1855 et plusieurs fois rénovée, la Marie Thérèse reste la plus vieille barque de patron d’Europe encore en état de naviguer. Romain Ruiz-Pacouret et Rébecca Konforti ont choisi de l’aborder sous l’angle de l’hétérotopie, ou, dit plus simplement, d’un espace réel, celui du bateau, qui aurait la faculté de contenir en lui-même une multitude d’autres espaces que sont les œuvres d’art. Installé sur le mât, le pavillon imaginé par Romain Ruiz-Pacouret fait référence à l’utilisation première du Canal du Midi comme voie maritime permettant le transport de marchandises ainsi qu’aux anciennes cartes de navigation servant à repérer les ports et les dangers. Dans la cale, Rébecca Konforti invite le spectateur à faire travailler son imaginaire en exposant une série des peintures de porte, se présentant comme autant d’espaces supplémentaires à explorer.

Rébecca Konforti

Portes #1 à #14, 2014-2019
Peintures acrylique sur toile

«Classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO, le Canal du Midi existe grâce aux efforts et à la ténacité d’un visionnaire, Pierre Paul Riquet. Sous le règne de Louis XIV, il dévoua sa vie au canal, véritable exploit architectural et hydraulique de l’époque, permettant de relier l’Océan Atlantique à la mer Méditerranée. Il n’en verra jamais l’achèvement et mourra d’épuisement sur le chantier. Aujourd’hui, la richesse du Canal du Midi ne réside plus simplement dans le transport de marchandises et la vente de denrées, mais dans son patrimoine, sa richesse culturelle et le potentiel d’émerveillement qu’il recèle.
Installé dans la Marie-Thérèse, la plus vieille barque de patron d’Europe encore en état de naviguer, cette série de peintures se présente comme autant d’espaces potentiels à imaginer et à explorer. En perpétuel mouvement, le symbole du bateau porte en lui le mystère et le désir de la découverte. Allant de port en port et contenant des marchandises venues du monde entier, il entretient les songes et les désirs liés à des mondes lointains.

Il s’agit ici de la mise en place d’une hétérotopie*, ou, dis plus simplement, d’un espace réel- celui du bateau- qui aurait la faculté de contenir en lui-même une multitude d’autre espaces que sont les œuvres d’art. En représentant des portes inspirées de différentes origines, elles invitent le spectateur à projeter son esprit dans les différents lieux sur lesquelles elles ouvrent. Cette série questionne à la fois une notion de passage, de frontière et de richesse imaginative.» Rébecca Konforti

* Des espaces autres. Hétérotopies. Michel Foucault, conférence au Cercle d’études architecturales, 14 mars 1967

Romain Ruiz-Pacouret

Le pavillon des rhumbs, 2019

«La voile que j’ai imaginée pour la Marie-Thérèse fait référence aux anciennes cartes marines qui se répandirent au XIVe siècle depuis l’Italie, dans un contexte d’essor du commerce maritime. Appelées «portulans», ces cartes nautiques sur parchemin indiquaient des noms de ports et de havres, de caps et d’îlots pour reconnaître les rivages. Sur le fond de ces parchemins se développait un réseau de lignes de rhumbs issues des roses de vents. Correspondant aux directions de la boussole, ces lignes permettaient aux marins de s’orienter et de calculer les distances qu’ils estimaient avoir parcourues.

Les lignes de rhumbs m’ont dès lors servit pour faire la composition graphique de ma voile. Flottante, grâce au vent qui souffle à Ventenac-en-Minervois, sur le Canal du Midi, elle donne à son tour la direction des vents dominants. En outre, les auteurs de ces cartes marines les décoraient parfois grâce à une iconographie de merveilles, de monstres et de navires, qui aujourd’hui encore fait rêver. Ces «portulans» sont les miroirs des ambitions scientifiques, politiques et commerciales européennes du monde de cette époque.

A l’inverse, j’ai voulu m’en inspirer en surimposant sur les lignes de rhumbs de la voile un porte-conteneurs.  Ces monstres des mers, qui constituent aujourd’hui le principal mode de fret maritime dans les ports de commerce, sont aussi le révélateur de la mondialisation et d’une disparition progressive de l’hégémonie occidentale au profit d’autre continent.

Faire flotter un porte-conteneurs sur le Canal du Midi, et de surcroît sur la Marie-Thérèse, fait référence à leur fonction première de transport de marchandises. » Romain Ruiz-Pacouret

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La Marie-Thérèse, Halte du Canal du Midi
11120 Ventenac-en-Minervois

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