Le philosophe allemand Nietzsche fait de l’enfant la figure de l’esprit libre, capable de créer le monde et ses valeurs. Pourtant bien souvent l’adulte se détache de cette partie de lui-même. Fragilité, naïveté et rébellion seraient-elles incompatibles avec le jugement critique et la capacité logique ? La sauvagerie et la liberté de l’innocence, l’effraction poétique voire métaphysique du questionnement enfantin, seraient-elles invalidées par le manque de sérieux ou contraires à la raison dogmatique ?
Dans notre société néanmoins, certains adultes refusent les stigmates de la vieillesse au profit d’un jeunisme productiviste. Mais le rapport à l’enfance passe trop souvent par une instrumentalisation au bénéfice du système marchand. Il est vrai que l’art, avec sa part d’insouciance, réclame du temps, de l’énergie, de la disponibilité, dans un monde où les valeurs relèvent de l’efficacité du rendement immédiat. Dans ce contexte, l’époque de crise que l’on traverse conduit insidieusement trop d’entre nous, à la résignation passive, à la peur ou à l’angoisse face à l’avenir.
Oublier la nature de son enfance met en péril la liberté comme projet de vie politique. Aussi dans les pas du philosophe, la fiction d’un Surhomme est à inventer pour dépasser le nihilisme généralisé, pour un retour à une vision de l’enfance plus vécue que fantasmée.
Le titre de l’exposition est une citation de l’artiste Marx Ernst.
