Le geste peut se réduire à l’intention, l’intention artistique dans le cas présent. Il fait sens car il ancre directement les idées au corps. Au-delà de la production, ou de l’action, il ouvre la possibilité d’une expérience qui annule l’écart entre le corps et la pensée. Dans cette perspective, cette exposition réunit des œuvres dont l’identification, la reconnaissance, peut être associée au processus de création, au geste qui est à l’origine et induit des effets.
Dans les œuvres de Lucien Pelen, Marie Legros, d’Annika von Hausswolff, et Daniel Firman, l’œuvre garde la trace d’une performance. De manière explicite en dépit de leurs différences plastiques et d’intentions, ces œuvres mettent en évidence la dimension vécue, vivante du geste, et l’inscrive dans une temporalité spécifique, ce qui donne à chaque œuvre une « épaisseur » et une expressivité propre. Le geste fait sens non seulement pour le performeur mais aussi, pour le spectateur qui l’interprète. Aussi réduit ou minimal soit-il, le geste artistique communique une idée au public. L’installation d’Angela Bulloch pour sa part, met en mouvement le spectateur et choisit le rythme comme expression du geste ; celui du corps du visiteur qui implique le déclenchement aléatoire, perturbé, de celui d’une musique. Elle renvoie ainsi à la fois à un dynamisme intérieur, une intensité créatrice en quelque sorte et à ses effets, qui se déploie dans l’espace et le temps. Le geste de Fabien Boitard, celui du peintre, est moins spectaculaire mais d’une intensité tout aussi forte, qui découle notamment de l’intériorité et de la spontané, d’où résulte une densité, une charge, voire un affect. Ce geste du peintre témoigne du travail vivant de la matière, montre, dans l’action, le geste du corps qui lui-même donne corps à une forme inédite, à un espace au-delà de soi.
La force du geste réside sans doute dans le fait qu’il n’est pas le simple signe de quelque chose mais qu’il se signifie lui-même. Expression d’une pensée sans parole, d’une personnalité vivante, intention en acte, le geste résonne de nos vécus dans nos mémoires. Comme le dit le philosophe Giorgio Agamben, Il relève de la rencontre de la vie et de l’art, de l’acte et de la puissance, de l’intention et de la praxis.
Céline Mélissent
Collège de la Voie Domitienne
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